Nicolas Zographos, né à Athènes en 1886 d’un père professeur d’économie politique, montre très tôt des facilités pour les mathématiques et les chiffres. Doté d’une mémoire phénoménale, il pouvait mémoriser toutes les cartes jouées pendant une partie de Baccarat (6 jeux de 52 cartes soit 312 cartes !), et c’est à ce jeu principalement qu’il utilisait cet avantage avec profit.

Dans ses jeunes années, il fonde le “Syndicat Grec”, une sorte de société “d’investissement” composée de plusieurs joueurs professionnels de Baccarat, leur permettant de se voir confier d’énormes sommes à jouer.

Il parcourait ainsi entre les 2 guerres mondiales les principaux casinos d’Europe, et notamment Cannes, Monte Carlo et Deauville, où il affrontait à la même table les plus riches de ce monde ; l’histoire retiendra ses fabuleuses parties contre l’Aga Khan ou encore André Citroën. Zographos et son équipe attiraient alors tellement de personnalités fortunées lors de leurs tournées, que plusieurs casinos français instaurèrent pour lui la règle du “Tout va” (jeu sans limite de mises) : nombre de parties atteignaient ainsi des montants astronomiques, des sommes de 10 millions de francs sur un seul coup n’étant pas rares.

Zographos jouait également des sommes énormes à la Roulette, avec son habituelle méthodologie, et nous allons présenter ici sa méthode.

Voici donc le système de Zographos qui est en somme très simple, et qui est en quelque sorte une façon automatique de jouer la chaleur aux chances simples. Zographos jouait des parties de 24 boules qu’il divisait en huit séquences de trois boules ou huit figures de trois boules.

Au début de la partie, il notait sans jouer les 3 premières boules.

Pour la bonne compréhension, prenons un exemple et supposons que ces trois premières boules soient les suivantes :

  • 1er coup : Rouge, pas joué.
  • 2ème coup : Rouge, pas joué.
  • 3ème coup : Noir, pas joué.

Aux 4ème, 5ème et 6ème coups, il jouait pour reproduire la figure des trois boules précédentes.

Continuons donc l’exemple :

  • 4ème coup : Rouge. Il jouait Rouge, gagné.
  • 5ème coup : Noir. Il jouait Rouge, perdu.
  • 6ème coup : Noir. Il jouait Noir, gagné.

Pour le 7ème coup, il jouait la dominante entre le 1er et le 4ème coup. Le 1er coup, ainsi que le 4ème étant Rouge, il jouait donc Rouge pour ce 7ème coup.

Au 8ème coup, il ne pouvait rien jouer puisque le 2ème coup était Rouge et le 5ème était Noir.

Au 9ème coup, il jouait Noir puisque le 3ème et le 6ème coup étaient Noir.

Continuons la partie :

  • 7ème coup : Noir. Il jouait Rouge, perdu.
  • 8ème coup : Rouge. Il ne jouait pas.
  • 9ème coup : Noir. Il jouait Noir, gagné.

Au 10ème coup, la dominante entre les 1er, 4ème et 7ème coups étant Rouge, il jouait Rouge.

Au 11ème coup, la dominante entre les 2ème, 5ème et 8ème coups étant Rouge, il jouait donc Rouge.

Au 12ème coup, la dominante entre les 3ème, 6ème et 9ème coups étant Noir, il jouait Noir.

Voyons la suite de la partie :

  • 10ème coup : Noir. Il jouait Rouge, perdu.
  • 11ème coup : Rouge. Il jouait Rouge, gagné.
  • 12ème coup : Noir. Il jouait Noir, gagné.

etc...

Zographos ne jouait donc que les 7 dernières figures de 3 boules sur les 8 que comportent sa partie de 24 boules, la première figure de 3 boules étant une figure d’observation. Comme nous l’avons vu, il jouait à masses égales sur la couleur dominante des premier, deuxième et troisième coups des figures de trois boules.

Quelle est la valeur de ce système ? A priori c’est un système neutre. Cependant, il s’agit d’un système à masses égales, donc fort peu dangereux, et peut-être que dans une bonne passe, favorable au système, il peut procurer un certain nombre de gains.

Ce que nous appelons une passe favorable, c’est une coïncidence entre la chance dominante, telle que la concevait Zographos, et la chance donnée par la roulette.

Il serait donc alors astucieux de profiter de la bonne sélection de la chance en faveur, en la jouant en “superposition des mises”, d’autant que le procédé de Zographos fixerait automatiquement la valeur de la mise à faire. Précisons cette notion de superposition des mises : dans l’exemple donné, au 12ème coup, c’est jouer Noir avec 3 pièces au lieu de 1 pièce : en effet, le 3ème coup est Noir, le 6ème coup est Noir, le 9ème coup est Noir, trois fois Noir, il faut alors jouer 3 unités à Noir.

Il est fort possible que cette stratégie, en permettant de profiter des bonnes passes avec des mises plus élevées, fasse pencher la balance en faveur du joueur sur les périodes favorables.