Nous allons présenter la méthode d’un autre joueur célèbre : l’Espagnol Tomás Garcia.

Après l’exposé de son procédé de base, nous aborderons également l’amélioration qu’y avait apporté Garcia lui-même dans le calme de sa retraite, amélioration qui mérite d’être mentionnée, car totalement inconnue du grand public. Le système de Garcia, donc, serait infaillible, s’il n’existait pas de maximum de mises et si le capital du joueur pouvait soutenir un découvert très important.

L’infaillibilité du système de Garcia repose sur une série de 7, aux chances simples, qui fait rentrer tout le découvert précédent et rend ainsi la perte impossible.

Garcia, qui vivait au temps de Napoléon III, fit sauter la banque à plusieurs reprises durant l’année 1860 au casino de Bad Homburg, au grand désespoir des propriétaires, les frères François et Louis Blanc, les mêmes qui seront plus tard à la tête du casino de Monte Carlo. Les commissaires de jeu ne le quittaient alors pas des yeux, mais durent se résigner à constater qu’il n’y avait aucune tricherie. Après quelques semaines, le total des bénéfices de Garcia était estimé à l’équivalent d’environ 800 000 Francs or, soit la recette de toute une année du casino.

Le système Garcia est connu de nombreux joueurs, mais les améliorations astucieuses et efficaces que Garcia mit au point à la fin de sa vie sont pratiquement inconnues.

Garcia jouait donc sur Noir et Rouge.

Le premier coup de la partie n’est jamais joué et constitue un coup d’observation.

Au coup suivant, on attaque la chance contraire avec la montante de 3 termes 1, 3, 7 et arrêt au premier coup de gain. On joue donc au maximum 3 coups pour obtenir au moins une alternance.

Supposons que le 1er coup soit Rouge :

Nous jouons Noir. Si ce coup est gagné, nous avons 1 pièce de gain et au coup suivant, nous rejouons 1 pièce sur Rouge et ainsi de suite, tant que l’on gagne et que dure l’alternance.

Mais supposons que le premier coup Noir soit perdu. Nous devrons alors passer au deuxième terme de la progression et jouer 3 pièces à Noir.

Si nous gagnons avec ces 3 pièces, le gain sera de 2 pièces puisque nous avons engagé 1 + 3 = 4 pièces et que nous en touchons 6.

Par contre, si le deuxième coup est perdu, nous rejouons 7 pièces sur Noir. Si ce troisième coup est gagné, nous réalisons un bénéfice de 3 pièces puisque nous avons engagé 1 + 3 + 7 = 11 pièces et que nous en encaissons 14.

Si l’on perd les 3 coups, c’est un saut qui représente 11 pièces de perte.

Nous avons perdu parce que, en cherchant l’alternance, nous venons de rencontrer une série de 4.

Garcia essayait alors de récupérer sa perte de 11 pièces en 3 coups, en supposant que la série de 4 se continuerait pour former une série de 7.

Il divisait donc 11 pièces par 3, égal 4 arrondi au chiffre supérieur ; et dans l’exemple précédent, il aurait joué, dans ce cas, 4 pièces à Noir.

Supposons ce coup perdu. Garcia avait donc subi une perte de 11 + 4 = 15. Il reprenait alors le jeu de la montante 1, 3, 7 jusqu’au prochain saut de 11 pièces qu’il essayerait de récupérer en 3 coups en lui ajoutant l’ancien découvert de -15.

Il divisait donc 15 + 11 = 26 par 3, arrondi au chiffre supérieur, soit 9 pièces.

Comme on le comprend, si la série de 7 se produisait, Garcia récupérait alors toutes les pertes subies antérieurement, et c’est cette particularité qui peut être qualifiée “d’infaillibilité” et qui amena Garcia à la fortune.

Etudions maintenant les différents cas qui peuvent se produire pendant les 3 coups de récupération :

1er cas
N
Nperte -1
Nperte -3saut de 11 pièces : aggravation du découvert de 1/3
Nperte -7
Rperte -4
2ème cas
N
Nperte -1
Nperte -3saut de 11 pièces : aucun rattrapage
Nperte -7
Ngain +4annulation du rattrapage
Rperte -4
3ème cas
N
Nperte -1
Nperte -3saut de 11 pièces : récupération du découvert 1/3 (remarquons que 3 combinaisons du 3ème cas se suivant font également récupérer tout le découvert principal, sauf une minime partie variable)
Nperte -7
Rgain +4
Ngain +4
Rperte -4
4ème cas
N
Nperte -1
Nperte -3saut de 11 pièces
Nperte -7
Ngain +4
Ngain +4découvert entièrement récupéré
Ngain +4

C’est en pratiquant ainsi que Garcia fit fortune, car durant une longue période favorable, il rencontrait les fameuses séries de 7 dont il avait tant besoin. Mais, dès que les séries de 7 se firent plus rares, son découvert s’amplifia et ses mises montèrent sans cesse, et malgré sa fortune, il capitula par manque de capitaux.

Quand le zéro sortait, Garcia partageait sa mise et portait la moitié perdue dans le découvert à rattraper, à l’occasion du prochain saut de 11 pièces.

Garcia se rendit compte de son intrépidité à jouer son système, tel que décrit ici. Il obtint la conviction que joué avec une plus grande sagesse, son système devait vaincre la roulette. Voici donc les changements préconisés par Garcia lui-même.

L’attaque reste la même ainsi que la montante 1, 3, 7, mais en cas de récupération et pour éviter de voir monter les mises, on ne cherche plus à récupérer que 2 sauts + 1/3 en même temps, et on met en réserve les autres pertes qui seront récupérées par la suite par tranche de 2 sauts + 1/3.

Prenons un exemple :

On saute de -11, on cherche à récupérer ce saut comme d’habitude sur la série de 7, en jouant 3 fois de suite 4 pièces. Si on perd, par exemple, le 1er coup de cette récupération, on aura donc un saut de 11 pièces + un saut de 4 pièces que l’on place dans la première tranche comme ceci :

1ère tranche
-11
-4

On continue à jouer, et au prochain saut de 11 pièces, on l’ajoute à la 1ère tranche, soit alors : 11 - 4 - 11, ce qui fait bien 2 sauts + 1/3 que nous essaierons de récupérer en jouant alors des mises de 9 pièces.

En effet, 11 + 4 + 11 = 26 qui divisé par 3 donne 9 en arrondissant au chiffre supérieur.

Si ce premier coup de récupération est perdu, on le mettra dans une deuxième tranche comme ceci :

1ère tranche2ème tranche
-11-9
-4-11
-11

Au prochain saut de -11, on l’ajoute dans la deuxième tranche et on essaie seulement de récupérer la 1ère tranche, c’est à dire que l’on joue 9 pièces.

Dès que la 1ère tranche est récupérée, on attend un nouveau saut de 11 pièces que l’on inscrit alors dans la deuxième tranche :

2ème tranche
-9
-11
-11

et on essaie de récupérer en 3 coups en jouant 11 pièces. En effet, 9 + 11 + 11 = 31 qui divisé par 3 donne, arrondi au chiffre supérieur, 11.

Mais étant donné que le nombre de pièces gagnées entre les sauts de 11 pièces est très grand puisque on accumule des gains de +1, +2, +3, on arrête la recherche des récupérations dès que la comptabilité générale fait apparaître un gain de 50 pièces.

A ce moment, on recommence une nouvelle partie, sans s’occuper des tranches qui seraient encore éventuellement à récupérer, puisqu’elles se trouvent compensées et qu’il reste un gain net de 50 pièces.

Cette variante à sa méthode, imaginée par Garcia lui-même, méritait d’être signalée tant elle améliore la stratégie de base en la rendant bien moins risquée.

Jouer en Réel